mardi 8 novembre 2011

tango loco

Les voix se croisaient, se caressaient, se heurtaient, dans cette salle enfumée, tango, tango, le mot sorcier frappait mes tempes douloureuses, l'aimes- tu, vous vous ressemblez, vous m'intriguez, ne danse pas comme ça avec lui, sois de marbre, comme l'autre, cet été, L'autre, qui, mais arrêtez, allez au diable, mais vous ne comprenez pas, mais ne comprenez- vous pas, qui voulez-vous, moi, ou... Lui? Le tango était là ce soir, pourquoi ne le voyait-on pas, il était dans mes bras, tout à l'heure, dans la ferveur de la Cumparsita, avec le danseur solitaire, celui qui voulait la danse avec moi... Jusqu'à m'attendre... Pour la dernière, là au bord de la piste... Le danseur oublié, celui qui m'a sauvée... Ce soir dans le fracas, ce soir dans la violence, ce soir dans le tango, à Bordeaux.

samedi 4 juin 2011

Un soir à Bordeaux

Un soir à Bordeaux, dans la bruine des fontaines, elle tentait de trouver le tango, qui lui avait donné rendez-vous, à minuit, là-haut, tout près du ciel sublime, "immuable et subtil"...
Mais le tango, elle ne le voyait qu'en fermant les yeux, car il avait mis des masques, il avait semé ses leurres, ou peut-être n'était-il pas venu...
Et si elle avait été sensée, elle serait restée à l'écouter, le tango, dans sa maison au bord du fleuve, la tête rejetée sur les coussins de soie, une cigarette à la bouche...

dimanche 27 février 2011

A la tanguera perdue... de tanguera à tanguera

Elle écrasait son tube de rouge à lèvres sur les murs, elle en rayait le carrelage à damiers noir et blanc, elle ensanglantait de traînées rouges le miroir baroque, elle se jetait au sol les bras en croix, la face contre la pierre glacée, elle ne voulait plus voir son image, cette image adorée et haïe, qu'il lui avait prise, pour la jeter à terre..., en morceaux... brutalement.



Il l'avait abandonnée, dans le froid terrible au bord de la piste, et son regard indifférent avait pétrifié son corps, là, dans la musique de Pugliese, à Madrid, dans la nuit chaude pleine de clameurs insupportables, dans la foule exultante, dans la joie brutale de la nuit espagnole, il l'avait renvoyée dans ses ténèbres d'autrefois, il ne l'avait pas aimée.
                              

mercredi 2 février 2011

Le tango

Il faisait froid, elle pensait à ceux qui étaient là-bas à Buenos aires, au soleil.
Ou à Marrakech,  à l'abri.
A l'abri des tempêtes, ou de l'ennui.
Ou des gens.
Ah mais Nick lui avait dit de ne pas parler ainsi. Non, rien de négatif.
Les gens ça n'existe pas. Juste des personnes.
Par exemple, l'autre qui a dit l'autre soir au pub que le tango ce n'est que pour les femmes de moins de trente ans. C'est une personne.
Oui mais lui, est-ce qu'on le voudrait, dans certains lieux...
Ah mais non, Nick a dit de ne pas penser ainsi... négativement.
Négativement?
Mais il y a le tango... pas avec ce type, mais avec d'autres...
Mais pas le tango théâtre... ah non ça c'est la barbe... même en paillettes et costard blanc...ou noir.
On n'est pas dans Voici, tout de même.
Non, le tango à vif, à visage nu, en robe de tous les jours, une journée ordinaire, la sueur sur la peau, les larmes aux yeux, la gorge nouée, le tango des gens qui vivent...