dimanche 27 février 2011

A la tanguera perdue... de tanguera à tanguera

Elle écrasait son tube de rouge à lèvres sur les murs, elle en rayait le carrelage à damiers noir et blanc, elle ensanglantait de traînées rouges le miroir baroque, elle se jetait au sol les bras en croix, la face contre la pierre glacée, elle ne voulait plus voir son image, cette image adorée et haïe, qu'il lui avait prise, pour la jeter à terre..., en morceaux... brutalement.



Il l'avait abandonnée, dans le froid terrible au bord de la piste, et son regard indifférent avait pétrifié son corps, là, dans la musique de Pugliese, à Madrid, dans la nuit chaude pleine de clameurs insupportables, dans la foule exultante, dans la joie brutale de la nuit espagnole, il l'avait renvoyée dans ses ténèbres d'autrefois, il ne l'avait pas aimée.
                              

mercredi 2 février 2011

Le tango

Il faisait froid, elle pensait à ceux qui étaient là-bas à Buenos aires, au soleil.
Ou à Marrakech,  à l'abri.
A l'abri des tempêtes, ou de l'ennui.
Ou des gens.
Ah mais Nick lui avait dit de ne pas parler ainsi. Non, rien de négatif.
Les gens ça n'existe pas. Juste des personnes.
Par exemple, l'autre qui a dit l'autre soir au pub que le tango ce n'est que pour les femmes de moins de trente ans. C'est une personne.
Oui mais lui, est-ce qu'on le voudrait, dans certains lieux...
Ah mais non, Nick a dit de ne pas penser ainsi... négativement.
Négativement?
Mais il y a le tango... pas avec ce type, mais avec d'autres...
Mais pas le tango théâtre... ah non ça c'est la barbe... même en paillettes et costard blanc...ou noir.
On n'est pas dans Voici, tout de même.
Non, le tango à vif, à visage nu, en robe de tous les jours, une journée ordinaire, la sueur sur la peau, les larmes aux yeux, la gorge nouée, le tango des gens qui vivent...